Du zen à l'idôlatrie informatique : comment les hippies ont préparé le terrain pour la Silicon Valley - 18/12/22
Sous la surface de l’image bucolique des hippies aux tignasses fleuries, on découvre un étrange engouement pour une certaine technologie outrancière qui remonte au début des années 1960, décrit par en 1985 par Theodore Roszak, père des concepts de « contre-culture » et d’ « écopsychologie », tient un discours à l’université d’État de San Francisco.

Marion Messina

En 1985, Theodore Roszak, père des concepts de « contre-culture » et d’ « écopsychologie », tient un discours à l’université d’État de San Francisco. Témoin privilégié des « années hippies » et de la formation aux États-Unis d’une conscience pacifiste et écologique, Roszak a capté comme très peu l’air de son temps et des contradictions que celui-ci allait engendrer. Ce discours est l’occasion de présenter les tendances mystiques (particulièrement irriguées par le bouddhisme pour ses principes de simplicité, de pauvreté et de non-violence) de la contre-culture et le terreau que celle-ci a représenté pour les futurs entrepreneurs qui ont jeté les bases de l’industrie informatique californienne. C’est dans la baie de San Francisco que le monde a joué à pile ou face : c’est là qu’est apparu l’impulsion zen-taoïste (satori désignant l'”éveil spirituel” dans de nombreuses traditions orientales) et là que, quelques années plus tard, se sont rassemblés les hackeurs qui allaient révolutionner la Silicon Valley. Sous la surface de l’image bucolique des hippies aux tignasses fleuries, on découvre un étrange engouement pour une certaine technologie outrancière qui remonte au début des années 1960. La fascination pour la science-fiction, la vie extraterrestre, les mondes parallèles, l’immortalité de l’âme, a préparé le terrain à des machines pensées pour pallier les défaillances humaines. Le discours de Roszak est devenu un ouvrage fascinant, éclairant, percutant d’intelligence et d’actualité.